Bắc Hà - quelques croquis

Ça faisait un moment que je n'osais plus saisir mon crayon, ni ouvrir mon carnet. Mais les paysages de Bắc Hà ne m'ont pas laissé le choix (bien que mon dessin ne leur rende pas justice).

En examinant ce croquis, un français que j'ai rencontré, s'est exclamé : "Oh le fier petit chien ! Avec la queue en l'air."
Vous aviez compris que le petit gribouillis en bas à droite, c'était un chien ?


Bắc Hà back again - du 25 au 30 avril


Ma mère, ses amis et moi sommes retournés à Bắc Hà. Depuis mon premier passage, un mois plus tôt (fin mars), la température avait complètement changé : alors que j'étais en polaire et manteau la première fois, il me fallait maintenant boire je ne sais combien de litre d'eau pour ne pas me déshydrater.
Les paysages me semblaient toujours aussi époustouflants, et c'est un vrai plaisir de se perdre en moto dans la montagne.











Au marché du dimanche, j'ai discuté avec une vendeuse ambulante d'une minorité ethnique. Elle parlait, en plus de sa langue maternelle, le vietnamien, l'anglais et un peu le français (au minimum). Elle m'a dit avoir 32 ans et deux enfants : de 13 et 10 ans. Ce qui peut signifier que les femmes des minorités ont des enfants bien plus tôt que les vietnamiennes, mais qu'il existe tout de même un planning familial.
Elle et ses consœurs, lorsqu'elles viennent tenter de vendre leur marchandise aux touristes, se font toujours houspiller (parfois franchement violemment) par les vendeur-euse-s des gros stands du marché. Le plupart d'entre eux, bien qu'ils vendent des produits fabriqués par les minorités (ou du moins s'inspirant de leur artisanat) sont des vietnamiens. Avant d'acheter quoique ce soit, il faut toujours se demander qui va s'en mettre plein les poches et sur le dos de qui. Selon la vendeuse ambulante, c'était assez clair.
Elle m'a aussi proposé ses services de guide, avec une nuit dans sa maison, si jamais on passait par Sapa. Je connais des gens qui l'ont fait, et ça a été pour eux un super expérience. Au moins, on sait clairement où l'argent va, ce qui n'est pas le cas lorsqu'on réserve un tour via un hotel. Je regrette encore de ne pas avoir donné de pourboire au guide qu'on avait loué, lors de mon premier séjour à Bắc Hà...




Une dernière chose que je n'avais pas remarqué à mon premier passage : bien que la scolarisation des enfants des minorités se soit nettement développée ces dix dernières années (où ils apprennent notamment le vietnamien, ce qui n'était pas le cas de leurs parents, et leur donne donc plus de chance de trouver un emploi), beaucoup d'entre eux continue à travailler au champ, le soir ou les jours fériés (on est tombé dans une semaine à trois jours fériés, notamment le 30 avril pour les 40 ans de la libération de Saigon).






Mắc quá ! C'est cher !

Comme promis, un petit post sur les arnaques. Je dois d'abord signaler que je ne suis pas fondamentalement contre le fait de payer un peu plus cher que les locaux : même lorsqu'ils sont un peu gonflés, les prix restent souvent très accessibles. Et qui se préoccupent de payer son café 40 centimes au lieu de 30 ? J'ai quand même vu une fois une occidentale marchander pour mille dongs (4 centimes), alors qu'elle avait déjà accepté le tarif (incoyablement bas : 8 cents pour un rouleau de printemps). Je ne suis pas non plus contre marchander pour le principe : cela crée du lien avec les locaux, qui y sont très réceptifs, et m'entraîne au vietnamien. Mais, selon moi, il faut quand même avoir une certaine éthique, d'un côté comme de l'autre. Beaucoup ne gagnent que $100 par mois, $1 peut donc faire une différence concrète tandis que pour nous, elle n'est que symbolique.
Quelques exemples où je n'ai pas vraiment apprécié me faire avoir, mais aussi quelques victoires :

-débarquant à 16h du train à Lao Cai, on savait que la tournée des bus locaux pour Bắc Hà était terminée. Un Vietnamien nous alpague : un minibus va bientôt passer, on peut le prendre si on veut arriver à notre destination le soir même. Le tarif ? 200 000 đ, soit deux heures de minibus plus chères que dix heures de train. Et même en comparant avec les prix des bus que je connais, je n'en n'ai jamais vus d'aussi élevés. J'essaye de marchander mais rien n'y fait "non, ce n'est pas cher", et déjà le minibus arrive. On hésite, ce serait bien d'arriver avant la nuit... On monte, avant de payer, j'essaye quand même de demander à une passagère vietnamienne qui parle anglais le tarif. Elle me répond qu'elle ne sait pas et interpèle le chauffeur. Qu'est ce que ça veut dire ? Qu'elle ne sait pas combien elle a payé, elle ? Ou plutôt qu'elle ne connaît pas le "tarif touriste" ? On paye donc la somme, dans l'urgence. Ça c'est la technique, ne pas vous laisser le temps de réfléchir. Plus tard, durant le trajet, alors qu'elle a engagé la conversation comme pour faire ami-ami, je lui repose la question : elle a dépensé 60 000 soit moins de trois fois moins ce que nous avons payé ! Je le lui dit, mi-amusée/mi-amère, elle répond, faussement naïve,"c'est peut-être les bagages ?". Merci pour votre mauvaise foi, madame.
Lors de mon retour à Bắc Hà, un mois plus tard, cette scène se reproduit. Cette fois pas question de payer 200 000. Mais la négociation s'arrête à 100 000. Ce qui fait quand même une différence de 40 000 avec le prix pour les locaux... Mais nous n'en faisons pas partie : on a des salaires beaucoup plus élevés, un grand pouvoir d'achat, et la possibilité de voyager dans leur beau pays. C'est facile à oublier. 

-À la gare de Huế, le prochain train pour Đa Nẵng ne passe que dans six heures : on se rabat sur le bus. La gare routière est à plusieurs kilomètres, il fait chaud, on décide de prendre un pousse-pousse. Arrivée devant la gare, le bus qu'on cherche est juste là, comme s'il nous attendais. Je demande le prix au chauffeur, mais c'est le conducteur du pousse-pousse qui répond : 100 000 par personne. Je sais que c'est au-dessus du tarif et désapprouve. Il baisse à 80 000. Qu'est ce que c'est que cette histoire ? Les prix ne sont pas fixes ? On monte tout de même. Pour m'en assurer, et parce que je me souviens de l'histoire de Bắc Hà, je demande à mon voisin en vietnamien, combien coûte un ticket. Il me montre 6 doigts. 60 000 donc... Je vais voir l'assistant du chauffeur, qui m'a déjà dit que oui, oui, 80 000, c'est le prix pour les locaux. Je lui dit (sans jamais monter le ton, parce qu'au Vietnam ce serait le meilleur moyen de rendre la situation insoluble), que le prix étant 60 000, c'est ce qu'on paiera et que s'il le faut, on prendra le prochain bus (il y en a toutes les 20mn, c'est qui nous mets en situation de force). Il m'explique (il parle très bien anglais) que le chauffeur du pousse-pousse a pris une commission et que par conséquent ils ne peuvent pas nous faire payer moins. Je tiens bon, et il descend le prix à 70 000 : il négocie son arnaque. Le bus qui attends d'autres clients n'est toujours pas parti, on peut donc en descendre facilement : on peut prendre le prochain, on a tout notre temps, je rappelle. Il me dit que ce n'est pas la faute du chauffeur, je lui réponds que ce n'est pas mon problème, cette histoire de commission. On se met finalement d'accord sur 60 000, mais son assistant qui viendra récupérer les sous au cours du voyage, nous fera bien comprendre qu'il est énervé. Les arnaques, c'est comme un jeu : on ne peut pas toujours gagner...

-retour de Quan Lan, en bateau, pour rejoindre le continent. On nous demande 100 000 par personne.  On a payé 70 000 à l'aller ! (Ce qui est déjà probablement au dessus du tarif). On insiste et on finira par retrouver le tarif initial, après une longue discussion (sans énervement bien sûr).




-premier jour à Hanoi, j'entre dans un petit restaurant de rue, et demande le prix d'une soupe de nouilles. On me répond gentiment 200 000. Hummm, le tarif habituel, c'est plutôt 30 000. Ça ne sert à rien de négocier, je ressort donc et 300 m plus loin, déjeune d'un bon phở pour 20 000. J'ai lu des histoires similaires sur internet. Conclusion : toujours demander le prix AVANT de consommer :)

En interrogeant quelques vietnamiens, je me rend compte que ce problème ne concerne pas que les touristes. Bien sûr, marchander fait partie de leur vie quotidienne, mais il est apparemment connu que les gens du Nord sont plus durs à la négoce. Ceux du centre, très reconnaissables à leur accent (ils doivent même parfois parler un peu anglais pour se faire comprendre !) sont aussi à peu près assurés de ne pas payer le même prix que les locaux, s'ils voyagent à Hà Nội.

Une autre histoire, qui n'entre pas vraiment dans la catégorie des arnaques, mais parle aussi de méfiance.
Nous étions en moto sur le chemin entre la ville de Huế et les tombeaux des empereurs. Là une motarde nous accoste : "d'où est-ce qu'on vient ? Où est-ce qu'on va ? Ah, le tombeau de Minh Mang ? Suivez moi, je vous y mène !" Jusqu'ici, rien de vraiment anormal, les gens vous aborde facilement dans la rue.
Quelques kilomètres plus loin, elle s'arrête : "Après le tombeau, on ira chez moi, et on mangera de la pastèque avec mes enfants"...
Hum... Est-ce que c'est seulement l'expression de sa gentillesse mêlée à de la curiosité envers des étrangers ? Ça ne m'est pas arrivé souvent, mais je me suis déjà faite invitée par des gens que je connaissais peu et tout c'était très bien passé. Attention tout de même car là, c'est une parfaite inconnue, nous avons à peine vu son visage et nous ne connaissons pas son nom. 
On continue la route derrière elle, mais alors qu'on voit sur un panneau qu'il faudrait aller tout droit, elle tourne brusquement à gauche, vers la rivière... et veut passer sous un pont. Alors là, on s'arrête net. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Elle fait demi tour, et revient jusqu'à nous. "C'est un raccourci, et un plus joli chemin !" On lui dit qu'on préfère passer par la route principale, mais elle répond : "En passant par là, il n'y a que 500m à faire, par la route, c'est très loin... 3 km !". Euh, on est quand même à moto, 3km, c'est rien. On insiste bien pour passer par la route, ne sachant pas vraiment si notre méfiance est justifiée. On est peut être très impolis avec une personne juste bienveillante... Elle reprend la bonne route, et nous la suivons de nouveau. Mais... quelques centaines de mètres plus loin, même histoire ! Elle tourne soudainement sur un chemin qui semble en fait être le même que le précédent, pris par l'autre bout... Cette fois, on dit fermement non ! Tant pis ! On ne veut pas risquer de se faire voler toutes nos affaires par simple peur d'être impolis.
On se rappelle les histoires lues dans le guide, mettant en garde contre certaines femmes qui servent d'appât et emmènent des touristes inconscients dans des guet-apens. Là, ça y ressemble vraiment trop. Qui nous attend sous ce pont ? Ce n'est clairement pas le bon chemin. Celui-ci nous ferait retourner en arrière. On ne veut pas la vexer mais on se dit que dans le cas où tout ceci n'aurait été que pure bienveillance, elle pourrait aussi comprendre notre méfiance. On a clairement dit qu'on voulait rester sur la route principale, si elle ne respecte pas ça, ne continuons pas ensemble. 

Lorsqu'elle comprend que nous ne la suivrons pas, elle s'en va alors sans rien nous dire vers la ville (ah bon ? Mais elle ne voulait pas rentrer chez elle ?).
On ne saura probablement jamais ce qu'elle avait derrière la tête, mais je crois qu'on a eu raison de suivre notre instinct.

Tam Cốc




Le lendemain, on a réservé un tour pour aller à Tam Cốc, aussi appelé "La Baie d'Along terrestre". Voyez par vous même les photos, c'était grandiose.
Le tour en lui-même était plutôt mal organisé : avec un guide/propriétaire de sa boîte qui nous a inondé de dates mais d'aucune information réellement pertinente sur les deux temples qu'on a aussi visité (quand des événements ce sont passés au deuxième siècle après JC, on n'est plus à deux ou trois ans près).
Cependant, ce qui m'a vraiment choqué, c'est d'apprendre que les rameurs qui conduisent les petits groupes de touristes à Tam Cốc étaient extrêmement mal payés par les tours (et j'ai pagayé un petit peu, je vous assure que c'est fatigant, chapeau, donc, à la mamie et au papi qui s'en chargeaient pour nous).



La mamie en question, toujours en forme 





"Keeping the environment clean is everyone's responsability"

Le temple de la famille HÀ - Thái Bình

Pendant environ une semaine, c'est-à-dire jusqu'à la fin de leur voyage, j'ai suivi ma mère et ses amis.
Après leur retour de Đa Nẵng, on avait prévu quelque chose d'assez spécial : nous nous sommes rendus dans le village d'origine de mon grand-père, près de Thái Bình, au sud de Há Nội . Pour cela, nous avons loué les services d'un chauffeur, seul moyen de se déplacer en voiture, bien que depuis le 1er janvier, la loi autorise les détenteurs du permis international à conduire.
Dans ce village se trouve un temple à la mémoire de la famille, où chaque membre décédé est représenté sur une plaque commémorative (reconnaître nos quelques ancêtres directes n'a pas été sans mal). Il y a même un panneau avec écrit en idéogramme "Vive la famille Hà". Haha ! Malgré quelques toiles d'araignées, on voyait bien que ce lieu était toujours entretenu et on a pu rencontré un certain nombre de relations, notamment un homme âgé de 91 ans ! Sûrement qu'il jouait dans les ruelles de cette petite bourgade avec mon grand-père, du temps de la colonisation française.






Carte du Nord et Centre Vietnam par mes soins

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Avec en bonus : notre itinéraire et un dragon

Dorénavant, j'ajouterai régulièrement des cartes.

Du 21 au 24 avril - le retour à Hà Nội


On est rentré à Hà Nội car J. avait son avion à prendre, mais pour moi l'aventure ne s'arrête pas là : j'ai encore plus d'un mois et demi avant l'expiration de mon visa, et puis après… qui sait …

Du 17 au 21 avril - Đà Nẵng et Hội An

On a retrouvé ma mère, en voyage pour trois semaines avec des amis, à Đà Nẵng. La ville, riche et dynamique est très moderne et manque de charme à mon goût. Mais une des choses à ne pas y manquer est le pont en forme de Dragon, qui crache du feu et de l'eau, tous les samedi et dimanche soir à 9h. On a goûté à certaines spécialité locale, dont le My Quang, sorte de soupe de nouilles, avec des raviolis et un morceau de galette de riz bien croustillante.

On a profité de la proximité de Hội An, pour n'y passer qu'une journée en faisant l'aller-retour en moto. J'étais fiévreuse, mais je crois que même sans ça, j'aurais eu du mal à apprécier vraiment cette ville qu'on dirait conservée en l'état depuis l'époque des colonies pour le bon plaisir des touristes. Dans les rues de la vieille ville : que des boutiques de souvenirs, ou des hôtels de luxe. Grâce à un ticket qui donne accès à 5 lieux, on peut même entrer chez les gens, où une jeune fille récite en français son texte avant d'essayer de vous vendre des pièces avec votre signe astrologique dessus

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Du 13 au 16 avril - Huế L'ancienne Cité Impériale



On a passé 4 jours à Huế,et j'ai vraiment adoré. C'est une belle ville dont une bonne partie de l'activité se concentre toujours à l'intérieur des murs de la citadelle. J'y retournerai sûrement plus tard, car je n'ai jamais vu une si grande concentration de cafés sympas, donc je vais faire vite pour ce post. Le deuxième jour, on a visité la cité impériale dont presque tous les bâtiments avaient été détruits suites aux bombardements français puis américains. Des fonds privés financent aujourd'hui la reconstruction des 168 bâtiments. 

Un kiosque, dans un parc jouxtant la Cité Impériale


Le tombeau de Minh Mạng

Nous nous sommes rendus le lendemain aux tombeaux des anciens empereurs, celui de Minh Mạng nous a époustouflé, celui de Khải Định nous a laissé perplexes.












La Cite Imperiale (apres les bombardements)



Le Tombeau de Minh Mang