Mắc quá ! C'est cher !

Comme promis, un petit post sur les arnaques. Je dois d'abord signaler que je ne suis pas fondamentalement contre le fait de payer un peu plus cher que les locaux : même lorsqu'ils sont un peu gonflés, les prix restent souvent très accessibles. Et qui se préoccupent de payer son café 40 centimes au lieu de 30 ? J'ai quand même vu une fois une occidentale marchander pour mille dongs (4 centimes), alors qu'elle avait déjà accepté le tarif (incoyablement bas : 8 cents pour un rouleau de printemps). Je ne suis pas non plus contre marchander pour le principe : cela crée du lien avec les locaux, qui y sont très réceptifs, et m'entraîne au vietnamien. Mais, selon moi, il faut quand même avoir une certaine éthique, d'un côté comme de l'autre. Beaucoup ne gagnent que $100 par mois, $1 peut donc faire une différence concrète tandis que pour nous, elle n'est que symbolique.
Quelques exemples où je n'ai pas vraiment apprécié me faire avoir, mais aussi quelques victoires :

-débarquant à 16h du train à Lao Cai, on savait que la tournée des bus locaux pour Bắc Hà était terminée. Un Vietnamien nous alpague : un minibus va bientôt passer, on peut le prendre si on veut arriver à notre destination le soir même. Le tarif ? 200 000 đ, soit deux heures de minibus plus chères que dix heures de train. Et même en comparant avec les prix des bus que je connais, je n'en n'ai jamais vus d'aussi élevés. J'essaye de marchander mais rien n'y fait "non, ce n'est pas cher", et déjà le minibus arrive. On hésite, ce serait bien d'arriver avant la nuit... On monte, avant de payer, j'essaye quand même de demander à une passagère vietnamienne qui parle anglais le tarif. Elle me répond qu'elle ne sait pas et interpèle le chauffeur. Qu'est ce que ça veut dire ? Qu'elle ne sait pas combien elle a payé, elle ? Ou plutôt qu'elle ne connaît pas le "tarif touriste" ? On paye donc la somme, dans l'urgence. Ça c'est la technique, ne pas vous laisser le temps de réfléchir. Plus tard, durant le trajet, alors qu'elle a engagé la conversation comme pour faire ami-ami, je lui repose la question : elle a dépensé 60 000 soit moins de trois fois moins ce que nous avons payé ! Je le lui dit, mi-amusée/mi-amère, elle répond, faussement naïve,"c'est peut-être les bagages ?". Merci pour votre mauvaise foi, madame.
Lors de mon retour à Bắc Hà, un mois plus tard, cette scène se reproduit. Cette fois pas question de payer 200 000. Mais la négociation s'arrête à 100 000. Ce qui fait quand même une différence de 40 000 avec le prix pour les locaux... Mais nous n'en faisons pas partie : on a des salaires beaucoup plus élevés, un grand pouvoir d'achat, et la possibilité de voyager dans leur beau pays. C'est facile à oublier. 

-À la gare de Huế, le prochain train pour Đa Nẵng ne passe que dans six heures : on se rabat sur le bus. La gare routière est à plusieurs kilomètres, il fait chaud, on décide de prendre un pousse-pousse. Arrivée devant la gare, le bus qu'on cherche est juste là, comme s'il nous attendais. Je demande le prix au chauffeur, mais c'est le conducteur du pousse-pousse qui répond : 100 000 par personne. Je sais que c'est au-dessus du tarif et désapprouve. Il baisse à 80 000. Qu'est ce que c'est que cette histoire ? Les prix ne sont pas fixes ? On monte tout de même. Pour m'en assurer, et parce que je me souviens de l'histoire de Bắc Hà, je demande à mon voisin en vietnamien, combien coûte un ticket. Il me montre 6 doigts. 60 000 donc... Je vais voir l'assistant du chauffeur, qui m'a déjà dit que oui, oui, 80 000, c'est le prix pour les locaux. Je lui dit (sans jamais monter le ton, parce qu'au Vietnam ce serait le meilleur moyen de rendre la situation insoluble), que le prix étant 60 000, c'est ce qu'on paiera et que s'il le faut, on prendra le prochain bus (il y en a toutes les 20mn, c'est qui nous mets en situation de force). Il m'explique (il parle très bien anglais) que le chauffeur du pousse-pousse a pris une commission et que par conséquent ils ne peuvent pas nous faire payer moins. Je tiens bon, et il descend le prix à 70 000 : il négocie son arnaque. Le bus qui attends d'autres clients n'est toujours pas parti, on peut donc en descendre facilement : on peut prendre le prochain, on a tout notre temps, je rappelle. Il me dit que ce n'est pas la faute du chauffeur, je lui réponds que ce n'est pas mon problème, cette histoire de commission. On se met finalement d'accord sur 60 000, mais son assistant qui viendra récupérer les sous au cours du voyage, nous fera bien comprendre qu'il est énervé. Les arnaques, c'est comme un jeu : on ne peut pas toujours gagner...

-retour de Quan Lan, en bateau, pour rejoindre le continent. On nous demande 100 000 par personne.  On a payé 70 000 à l'aller ! (Ce qui est déjà probablement au dessus du tarif). On insiste et on finira par retrouver le tarif initial, après une longue discussion (sans énervement bien sûr).




-premier jour à Hanoi, j'entre dans un petit restaurant de rue, et demande le prix d'une soupe de nouilles. On me répond gentiment 200 000. Hummm, le tarif habituel, c'est plutôt 30 000. Ça ne sert à rien de négocier, je ressort donc et 300 m plus loin, déjeune d'un bon phở pour 20 000. J'ai lu des histoires similaires sur internet. Conclusion : toujours demander le prix AVANT de consommer :)

En interrogeant quelques vietnamiens, je me rend compte que ce problème ne concerne pas que les touristes. Bien sûr, marchander fait partie de leur vie quotidienne, mais il est apparemment connu que les gens du Nord sont plus durs à la négoce. Ceux du centre, très reconnaissables à leur accent (ils doivent même parfois parler un peu anglais pour se faire comprendre !) sont aussi à peu près assurés de ne pas payer le même prix que les locaux, s'ils voyagent à Hà Nội.

Une autre histoire, qui n'entre pas vraiment dans la catégorie des arnaques, mais parle aussi de méfiance.
Nous étions en moto sur le chemin entre la ville de Huế et les tombeaux des empereurs. Là une motarde nous accoste : "d'où est-ce qu'on vient ? Où est-ce qu'on va ? Ah, le tombeau de Minh Mang ? Suivez moi, je vous y mène !" Jusqu'ici, rien de vraiment anormal, les gens vous aborde facilement dans la rue.
Quelques kilomètres plus loin, elle s'arrête : "Après le tombeau, on ira chez moi, et on mangera de la pastèque avec mes enfants"...
Hum... Est-ce que c'est seulement l'expression de sa gentillesse mêlée à de la curiosité envers des étrangers ? Ça ne m'est pas arrivé souvent, mais je me suis déjà faite invitée par des gens que je connaissais peu et tout c'était très bien passé. Attention tout de même car là, c'est une parfaite inconnue, nous avons à peine vu son visage et nous ne connaissons pas son nom. 
On continue la route derrière elle, mais alors qu'on voit sur un panneau qu'il faudrait aller tout droit, elle tourne brusquement à gauche, vers la rivière... et veut passer sous un pont. Alors là, on s'arrête net. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Elle fait demi tour, et revient jusqu'à nous. "C'est un raccourci, et un plus joli chemin !" On lui dit qu'on préfère passer par la route principale, mais elle répond : "En passant par là, il n'y a que 500m à faire, par la route, c'est très loin... 3 km !". Euh, on est quand même à moto, 3km, c'est rien. On insiste bien pour passer par la route, ne sachant pas vraiment si notre méfiance est justifiée. On est peut être très impolis avec une personne juste bienveillante... Elle reprend la bonne route, et nous la suivons de nouveau. Mais... quelques centaines de mètres plus loin, même histoire ! Elle tourne soudainement sur un chemin qui semble en fait être le même que le précédent, pris par l'autre bout... Cette fois, on dit fermement non ! Tant pis ! On ne veut pas risquer de se faire voler toutes nos affaires par simple peur d'être impolis.
On se rappelle les histoires lues dans le guide, mettant en garde contre certaines femmes qui servent d'appât et emmènent des touristes inconscients dans des guet-apens. Là, ça y ressemble vraiment trop. Qui nous attend sous ce pont ? Ce n'est clairement pas le bon chemin. Celui-ci nous ferait retourner en arrière. On ne veut pas la vexer mais on se dit que dans le cas où tout ceci n'aurait été que pure bienveillance, elle pourrait aussi comprendre notre méfiance. On a clairement dit qu'on voulait rester sur la route principale, si elle ne respecte pas ça, ne continuons pas ensemble. 

Lorsqu'elle comprend que nous ne la suivrons pas, elle s'en va alors sans rien nous dire vers la ville (ah bon ? Mais elle ne voulait pas rentrer chez elle ?).
On ne saura probablement jamais ce qu'elle avait derrière la tête, mais je crois qu'on a eu raison de suivre notre instinct.

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